Yellow Collection # 02, 18 novembre 2018  -  11 janvier 2019 

installation in situ, jaune à la galerie Victor Sfez

Roland Orépük a fait du jaune sa couleur fétiche qu’il décline sur tout support pour interroger la peinture et sa relation à l’espace d’exposition. Il a commencé à repeindre la galerie Victor Sfez en jaune… Sur un mur, des vides blancs sont des indices de possibles tableaux, qui furent ou pourraient être accrochés. En face, l’artiste dévoile sa « Yellow collection », des petites œuvres posées, tels des objets, qu’on pourrait déplacer. Cet ensemble d’œuvres constitue un répertoire de ses recherches picturales, depuis ces quinze dernières années : des toiles monochromes, quelques-unes retournées, sur d’autres, le mot jaune, décliné en plusieurs langues. La présence d’un niveau ou d’une sangle sur certaines renvoit aux différentes étapes de l’exposition. L’artiste interroge notre relation à la couleur, à la peinture et à ses conditions de présentation. Il précise qu’il est peintre avant tout. Plutôt que suivre la position des minimalistes, il préfère qu’on le considère comme « REDUCTIVISTE ». Il affirme d’ailleurs dans un entretien « Je cherche la simplification, pourquoi faire compliqué si on peut faire le plus, avec le moins, et les mêmes moyens ancestraux (support / Peinture) ». Roland Orépük amène la lumière par la couleur jaune et révèle d’autant plus le blanc de la toile. Ses œuvres, comme en attente d’être choisies, jouent sur le caché et le montré, l’envers et l’endroit, le fini et le non-fini.

Nous sommes invités à mener notre enquête. Des peintures ont-elles disparues ? Une collection aurait-elle prise la place d’une autre ? L’artiste recouvre de jaune pour mieux rendre visible les caractéristiques de la peinture.

Sa proposition pour la galerie incite à une autre manière d’envisager le principe de l’exposition. Elle offre diverses possibilités d’associations de deux installations in situ : peinture murale et collection de petites toiles de divers formats se renvoient l’un et l’autre. Cette exposition incarne plusieurs espaces temps et conduit à rester dans un moment de suspension ainsi qu’à nous raconter notre propre histoire de ce projet.

 Pauline Lisowski


Réalisée in situ en juin 2011 à la Brickehouse Art Gallery de Sacramento (Californie, Etats-Unis d’Amérique) et réinstallée deux mois plus tard à la Reynolds Gallery de l’University of the Pacific (Stockton, ibid.), le concept de Yellow Collection va réapparaître, en se renouvelant, à Paris, grâce à une proposition – sous forme d’invitation… – de la Galerie Victor-Sfez. Comment ? La Yellow Collection, ensemble de peintures qui répertorie la totalité – ou  presque… – de mes préoccupations picturales de ces quinze dernières années – à l’inverse des Etats-Unis, où seules étaient proposées les destructions de support –, cette Yellow Collection va tout bonnement se substituer à la Russian avant-garde Collection qui fait le bonheur de Victor Sfez. Ce tour de passe-passe a déjà fait l’objet d’un rapport du commissaire Nogent, comme le rapporte le journaliste Philippe Gonnet. Si ce subterfuge conserve sa part de mystère(s), l’enquêteur semble en tout cas en avoir saisi l’intention…Car le public devra lui aussi faire preuve de curiosité ! N’y aurait-il donc rien à voir ? A l’inverse de l’art contemporain, qui trop souvent explique et ne montre (presque…) rien, l’action in situ, le (presque…) rien, devrait ici donner au spectateur, grâce aux pièces à conviction laissées sur place, envie d’en savoir plus, de découvrir pour voir, sans que je lui fournisse plus d’explication…

Roland Orépük, 2018